Sculpture

Concepts & Techniques

Techniques :

Tissus utilisés :

- Soie naturelle
- Toile ou tissu polyester (et par extension Tergal)
-
Toile ou tissu de coton
- 
Feutre de laine
- Toile de jute

- Tarlatane
-
Tissage en laine ou en coton

Structures utilisées :

- Bois assemblé et vissé ou chevillé
- Fil de fer galvanisé

- Peinture
: Pigments broyés avec un liant acrylique et/ou de la gomme arabique, crayons aquarelles et pastels secs

 
 
 

Concepts :

L'idée des peintures sculptées est venue  d’une double circulation de la pensée.

D'une part  d'un constat de limites : L’impossibilité d'être peintre (au-delà du sujet - Dunes, Peinture-roman - ou de la théâtralité des émotions et de leur mise en scène sur  un support à deux dimensions) pour un sculpteur, cerveau conditionné pour le volume et les trois dimensions. Les deux dimensions d'une toile ou de n’importe quel support inhérent à la peinture, et cela même si le rectangle toile/châssis est éventuellement aboli, mène un sculpteur à l'obligation de " traiter" un sujet sur le mode illustratif ou de concevoir l'espace décrit sur le support comme une sculpture virtuelle, une sorte de trompe-l’œil.

La constante de la sculpture ou de la statuaire, est d'accumuler un volume de matière et de retrancher dans ce volume. D'évider, de trouer, de former un  volume  choisi ou de créer  un  volume  par  accumulation  de  matière.  Accumuler, retrancher, sont les deux pôles de la statuaire dans la prise en compte de l'espace imparti à la sculpture. La toile, pas plus que la feuille de papier, ne répond à cette double exigence, puisque les gestes d'accumuler et de retrancher reviennent en réalité à inscrire ou effacer sur  un matériau et non dans un  matériau. D'où l’échec pour le sculpteur à conceptualiser la peinture autrement que par le descriptif.

D'autre part, la lecture de l’œuvre poétique de Sophie Javel, jeune poète  née en 1969, a donné à l’auteur une voie pour le dépassement possible de cet obstacle et une proposition de solution aux problèmes posés, par translation des  approches que cet écrivain a de l'écriture, à l'approche  d'une gestion différente de la toile peinte (ou du papier peint ; le carton, rigide, ne pouvant être pris en compte).

Schématiquement l'oeuvre écrite de Sophie Javel est basée sur une triple prise en compte du mot et de son signifiant :

 -L'exactitude ( et l'économie) du ou des mots assemblés, pour signifier une idée, une situation, une sensation, un espace intérieur, par association de sens.

 -Le son du mot (espace sonore) qui vient dans le continu de la lecture, comme surajouté, au sens du mot, des mots. Comme si une seconde voix sonore, indépendante du sens intrinsèque du mot, venait créer une signification autre et surajoutée à celui  que I 'intelligence perçoit.

 -Le souffle, la respiration qui porte loin le rythme des vers ou des phrases, dans un espace à la dimension onirique. Ce souffle projette les mots, leur sens et leurs musiques, dans un espace mental qui irradie loin et fort, et bien au-delà des mots.

De ce triple constat de l'oeuvre de Sophie Javel, qui s'inscrit dans l’univers poétique de notre époque ( Royet-Journoux, Albiach, Delay,  etc.) auquel viendra plus tard s'ajouter la prise en compte de la mise en place typographique et de l'espace neutre qu'elle génère et du silence habité qui en est l'essence, l'auteur a transpose à l'oeuvre  "peinte" cette manière de procéder:

 -Non plus toile peinte, mais parcelles de toiles ou de tissus peints, dont on ne garde que les parties essentielles, les plus significatives, des lambeaux saturés , et dont I 'assemblage, la juxtaposition, créent un espace pictural plus fort, plus riche, plus significatif, à la fois par économie des moyens ( I 'inutile est jeté, tout romantisme éliminé) mais  aussi par frottement  de leurs essences, donnant à voir un nouvel espace pictural.

 -Au lieu d'être agencés sur une surface plane, ces " lambeaux", sont organisés en volume, créant ainsi un deuxième sens plastique se superposant à celui des tissus peints et donnant, comme pour la poésie un " son" différencié du sens des mots, un espace - par le volume - différent de I 'espace pictural seul. Ils se juxtaposent et se complètent sans jamais se confondre.

 -  Enfin cette  mise  en volume  est  relayée  par  des  éléments  de  tissus, qui lui donnent l’exacte place dans I'espace, par l'aménagement de passages, entre I 'espace de situation ( l'endroit où se trouve l'oeuvre) et I'espace propre aux tissus " sculptés", et mis en volume.

Cette mise en scène, par un socle, une structure sur laquelle est bâtie l'œuvre à la fois peinte et volume, permet à cet espace de situation, quel qu'il soit de pénétrer l'espace propre à l'oeuvre,(ou le contraire), sans  donner l'impression d'être un corps étranger... Cela remplace le "souffle" du poète, permet à la " peinture- sculptée", d'avoir une vie dans l'espace, une monumentalité, le regard et l’air étant obligés de prendre en compte I 'existence de cet élément, comme l'oreille doit prendre en compte par le son et par le souffle le poème lu à haute voix, dans un autre espace que celui du sens des mots.

Ici,  il n'y a pas à proprement parler de thématique générale, mais plutôt une " manière" d'aborder les sujets traités par chacune des peintures-Sculptées. Evocation de la nature. Dont les titres fournissent une indication: " Paysage escarpé "- " Coucher de soleil "- Idée d'arbre". Ou évocation d'un mouvement, d'un espace, " Oiseau "-  "Poème "- " Gestes d'une femme "(...)

Pas plus que dans " Dunes" il n'y a une volonté descriptive, plus ou moins rationnelle d'un lieu, d'un événement ou d'une personne. Mais une imprégnation et une restitution. Imprégnation de formes, de couleurs, d'odeurs, de tactilité, de points de vues, d'idées et de réflexions, de lectures ou d'écoute de sons ou de musiques, de mots et de bruits, et une restitution, par juxtaposition, de ces éléments transposés sur le tissus peint et mis en forme.

Une concentration visuellement significative d'une source bien plus importante de renseignements recueillis, qu'ils soient sensoriels on réflectifs. Un peu à la manière d'un poème, on en revient toujours là…

 

 

 

 

 

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